Un petit air de vérité

“Avant 1860, la Savoie était italienne” : que de fois entend-on cette contre-vérité ! Pierre Dompnier, historien, rappelle : « Le royaume d’Italie a été proclamé en 1861, la Savoie a rejoint la France un an avant. Avant, elle était la Savoie ». Avec lui, revue de huit siècles de coexistence pas toujours pacifique.

1. Pour aller à Canossa, on passe par la Savoie

La querelle des Investitures est la grande affaire de la fin du XI e siècle. L’empereur germanique Henri IV prétend nommer les évêques, le pape refuse et l’excommunie. Penaud, le souverain “va à Canossa” (l’expression est passée dans le langage courant) se soumettre, en 1077. Pour cela, il passe par la Savoie, car il est l’époux de Berthe, fille d’Othon, comte de Maurienne, et d’Adélaïde de Suse. Famille, religion, géographie : trois données essentielles sont posées.

2. Avec les Amédée, la Savoie devient État

« L’acquisition de Chambéry marque le début de l’expansion considérable des États de Savoie », explique Pierre Dompnier. Les comtes Amédée VI (“Comte vert”), VII (“Comte rouge”) accroissent le territoire et obtiennent Nice. Amédée VIII préserve ses États de la guerre de Cent ans, devient duc (1416), conforte ses possessions et est même élu pape (antipape, en fait) par le concile de Bâle en 1439. C’est le dernier antipape reconnu par l’Église.

3. Les premières invasions françaises

François I er entre en Savoie en 1536. « Est-ce vraiment une invasion ? », se demande Pierre Dompnier : la mère du roi de France est Louise, fille de Philippe, duc de Savoie. L’occupation ne se passe pas trop mal, jusqu’en 1557. « On nous enseigne à l’école que nous avons été défaits par Charles-Quint à Saint-Quentin », sourit Pierre Dompnier, « mais l’armée de Charles était en fait commandée par le duc Emmanuel-Philibert, qui met les Français en déroute et ainsi retrouve ses États ». La France est battue, c’est la Savoie qui gagne.

4. Lesdiguières, le protestant honni

Nouvelle invasion en 1598 : celle du connétable de Lesdiguières. Pour notre historien, « elle est d’autant plus mal vécue que Lesdiguières est protestant, et occupe une Savoie, et surtout une Maurienne, très papistes ». Les relations contrastées de la France et de la Savoie aboutiront à d’autres occupations. Ainsi, en 1630, Louis XIII et Richelieu séjournent un mois à Saint-Jean-de-Maurienne. Ils pourraient en avoir été chassés par la peste.

Lire l’intégralité de cet article dans vos éditions savoyardes du Dauphiné Libéré du samedi 17 août.

http://www.ledauphine.com/savoie/2013/08/16/savoie-france-huit-siecles-de-je-t-aime-moi-non-plus

 

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