Analyse comparée entre la liberté de pensée et d’expression à la française et la notre

L’analyse comparée entre la liberté de pensée et d’expression à la française, post Charlie hebdo et  la notre.

 Le 7 janvier 2015, se sont déroulés les évènements que tout le monde connait dorénavant ainsi que les répercussions politiques et sociales qui y ont été assorties. Cette crise a été prolongée durant une semaine par des actes terroristes qui ont, selon l’observation de beaucoup, marqué une page dans l’établissement de la politique internationale tout comme dans l’affirmation des valeurs de la république française. L’archétype de ce tournant réside en substance dans le leitmotiv : « Nous sommes tous Charlie ». Notre étude aura pour but l’analyse de ce tournant au regard des valeurs qui sont les nôtres.

Le tournant de la politique internationale française

Nous estimons à l’heure actuelle, facultatif d’avoir à précisément rattacher nos analyses aux déclarations des autorités politiques françaises. En effet, les forces publiques ont réagi à ces événements, à l’unisson : Toutes, ont condamné la barbarie, en premier lieu, puis pour dériver cette formule en « nous sommes tous Charlie ». Or nous allons montrer ici la dichotomie entre les deux expressions en matière de politique internationale.

Il est évident que pour l’Etat de Savoie, des actes d’une telle nature, d’une telle cruauté sont éminemment condamnables. Nous condamnons fermement toutes violences qui ne soient pas proportionnées à l’offense qui a été subit. Dans le tragique événement, des extrémistes takfiristes ont abattu policier, gendarme, civils et journalistes en représailles de l’offense qu’ils prétendent tirer des caricatures du Prophète Mahomet. Bien évidemment l’Etat de Savoie considère ici qu’il y a disproportion nette entre l’offense prétendue et la violence infligée, et il ne saurait s’opposer  au traitement qu’on finalement reçu les auteurs de ces crimes.

Il y a cependant un élément pour lequel nous exprimons des réserves : L’Etat de Savoie ne cautionne pas qu’on puisse profiter de la survenance de telles troubles et de l’émotion qui s’ensuit pour former une union politique internationale qui ne défendrait qu’une partie des intérêts de la population française comme mondiale.

Du point de vue de l’Etat de Savoie, la lutte contre le terrorisme s’opère d’abord chez soi, au niveau national, mais comme le terrorisme constitue un réseau qui transcende les frontières, nous admettons parfaitement l’existence d’une collaboration étroite entre les pays qui en sont victimes. Néanmoins, nous sommes opposés à la formation d’un bloc occidental qu’on appellerait « le monde libre » face à un autre bloc assimilé au « terrorisme ». Il faut comprendre par-là, non pas notre opposition à la lutte contre le terrorisme, mais plutôt contre l’installation d’un conflit global, entre le « monde libre » et « le monde à libérer ».

C’est pourtant la conséquence malheureuse de la vision caricaturale offerte par la formulation : « Nous sommes tous Charlie ». Force est de constater l’hostilité dont s’est convaincu l’Etat français à l’égard de ceux, se proclamant hors du mouvement « Je suis Charlie ». Le gouvernement français a pris les mesures visant en premier lieu, à imposer dans quasiment tous les services administratifs un hommage à Charlie Hebdo, non pas aux policiers, non pas aux juifs, non pas aux civils, mais à Charlie Hebdo. Dans un second temps, les mesures visaient également à faire remonter à Paris chaque trace de réticences à « l’esprit Charlie », des réticences que l’administration cherchait systématiquement  à punir et à faire relayer par les médias français sous l’impulsion du gouvernement.

A chaque fois ces réticences étaient assimilées, soit à un parti pris pour le terrorisme et pour les plus radicaux, à une apologie du terrorisme. Voilà la malheureuse conséquence de l’esprit « Charlie » qui montre sa nature réelle, qui contrairement à ce qu’on tend à nous affirmer, n’est pas l’unité mais la fédération des Etats victimes du terrorisme contre le terrorisme. Comme si, on ne pouvait refuser de défendre une liberté d’expression totale sans tenir l’office des terroristes.

Dans un souci de clarté, nous précisons à nouveau que si l’unité réside bien dans la condamnation de la cruauté, il n’y a même aucune unité dans le choc des civilisations. Il est pour nous aberrant que le statut de victime puisse appeler à un conflit global auquel se rattache l’esprit Charlie. C’est l’erreur qui est faite depuis au moins une décennie, du côté du monde occidental : on subit des actes terroristes au niveau national pour aller se défendre au Moyen-Orient.

Il est inutile de démontrer que ce n’est pas un acte de défense mais le contraire. Et qu’ainsi, nous nous exposons à un conflit extérieur, inextricable, qui outre les morts militaires, augmente encore le risque d’otages ou d’exactions commises contre les intérêts français. Nous invitons l’ensemble des lecteurs à apprécier le succès qu’ont eu les États-Unis qui ont menés avant nous une politique internationale sur ce modèle.

Ce que nous dénonçons dans cette première partie, c’est le risque que la population soit entrainée par cet esprit Charlie hostile à tous ceux qui ne défendent pas une liberté d’expression absolue dans une intervention dont on ne mesure pas les conséquences. C’est pourquoi, nous défendons une lutte contre le terrorisme qui ne soit pas une guerre physique, anti monde musulman. Nous n’avons pas à nous projeter au Moyen-Orient mais soutenir les pays qui s’y trouvent : c’est toute la différence entre une politique internationale de collaboration et une politique internationale NEOCOLONIALE.

A titre transitoire, nous faisons remarquer qu’aucun droit ni liberté n’excède les droits et libertés d’autrui. Cela ne semble pas être du registre de l’esprit Charlie, puisqu’il admet qu’on puisse tout dire, tout faire de la religion, quand bien même cela porterait offense au for intérieur d’individus. C’est la manière par laquelle les autorités politiques françaises ont défini la république.

Le tournant de l’esprit post Charlie Hebdo dans la structuration des valeurs républicaines.

On pourrait se poser la question consistant à savoir où nous voyons cette volonté de s’imaginer un grand ennemi de l’Occident, identifiable par sa non appartenance à l’esprit Charlie. La réponse peut s’entrevoir à travers l’activité médiatique : ont été relatés les résistances mondiales à la caricature de Mahomet figurant en première page de ce qui est maintenant le plus célèbre des numéros du journal satirique. Ces résistances ont été mondiales, embarrassantes lorsqu’elles étaient occidentales et dénoncées en toutes circonstances en France.

Pourtant la France n’a jamais admis avoir tort, elle estime son modèle de liberté d’expression parfait, irréprochable envers et contre tous. Jusqu’à même comme nous l’avons déjà dit, s’en prendre à ses propres ressortissants critiquant ce modèle de liberté d’expression.

En tant qu’Etat à la recherche de son indépendance, nous refusons de souscrire à ce modèle sans le comparer aux autres modèles défendus par les autres nations du monde. Mais avant de décliner notre propre conception de la liberté d’expression, nous désirons montrer les limites du modèle français.

Car si on défend ici une liberté d’expression absolue, ce n’est qu’un principe, soumis à des exceptions. Car si la république laïque ne pose aucun délit de blasphème, ne considère rien de sacré, autorise à tout exprimer, la loi Gayssot interdit toute négation de l’existence de Chambres à gaz, l’Etat français poursuit à l’heure actuelle l’humoriste grinçant Dieudonné, qui a déclaré sur Twitter « Je me sens Charlie Coulibaly », une synthèse de son humeur, puisque son avocat a déclaré qu’il fallait comprendre cette déclaration comme la vision qu’il a de sa condition d’humoriste (Charlie), traité à la manière d’un terroriste (Coulibaly). Hélas l’Etat français n’a pas fourni de son côté de moyens reliant ses paroles à une apologie du terrorisme dont on l’accuse pourtant. Nous évoquerons en dernier lieu le sort auquel est confronté notre ministre de l’intérieur du Gouvernement provisoire de l’Etat de Savoie, Fabrice DUGERDIL, qui pour une simple résistance à l’autorité d’occupation française et une valeureuse obstination à se considérer Savoisien, s’expose à une peine d’emprisonnement de trois mois.

Ainsi, voit-on à quel point cette conception absolue de la liberté n’est que de circonstance, et elle disparaitra aussitôt que se présentera une opportunité alternative, comme par exemple, celle de diaboliser les mouvements indépendantistes. C’est pour cela que l’Etat de Savoie s’oppose fermement au modèle de liberté d’expression, actuellement défendu par la France.

Au contraire, nous cautionnons entièrement le modèle défendu par la plupart des Nations du monde qui ont refusé, soit de publier la dernière caricature du Prophète, soit de la cautionner, au motif qu’on peut rire de tout, se moquer de tout, dans la limite de la liberté de culte des autres. Ainsi, il a été très mal vu que le Prophète Mahomet soit par cette caricature pardonnée des actes terroristes, comme s’ils émanaient de sa personne, symbole de l’ensemble des croyants musulmans. Nous considérons que la liberté de la presse doit s’arrêter à la stigmatisation provocante.

Somme toute, l’Etat de Savoie se place encore une fois en rupture avec le fondement et l’évolution des valeurs républicaines françaises. Ces valeurs françaises ne font pas autorité à notre égard, nous ne nous laissons dicter notre conduite en aucun cas par la passion, mais toujours par la raison. Nos valeurs résultent par conséquent d’une réflexion transversale, analytique des faits que nous sommes à même de comprendre. C’est pourquoi le débat reste ouvert et nous invitons chaque Savoisien à apporter son point de vue quant à la lecture des événements, que doit faire l’Etat de Savoie.

 

 

Wilfried Morel

Roland Coste

Fabrice Dugerdil

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